Architectes 17 propose une projection - débat mardi 5 avril 2016 à 18H30
à la Médiatheque Michel Crépeau, 17000 La Rochelle
dans le cadre du mois de l'architecture et de l'environnement, un film de
de Richard Malbequi sur Jean Prouvé
« Le courage rebelle » 2012 documentaire de 53mm
Production : Aviso Production, Patrick Seguin Production
Avec la collaboration de la SCE Jean Prouvé de la région Lorraine et de la ville de Maxéville
Dès les années trente et après guerre, Jean Prouvé avec l’Abbé Pierre essaye de construire une maison des jours meilleurs en grande série, assemblant en réseaux de petites unités, il rationalise la conception des bâtiments.par la conception de plusieurs modèles de maisons individuelles à bas prix, en kit, et à monter soi-même, prêtes pour la fabrication en série. Des maisons intelligentes, fonctionnelles et nécessairement belles, et 30% moins cher que ce qui se construit .
Dans une France où le béton est roi, Prouvé fut l’homme du métal, de la tôle pliée puis de l’aluminium.
Marie Loncol animera un débat avec Jacques Boissière, ex architecte des bâtiments de France du Service Départemental de l'Architecture et du Patrimoine de Charente-Maritime et Charente (S.D.A.P 17)
Synopsis du réalisateur:
Le 29 février 1956, Le Corbusier revient d'une visite de la Maison des jours meilleurs que Jean Prouvé a construite pour l'abbé Pierre et qui est présentée sur le port des Champs-Élysées à Paris. Il écrit:
Jean Prouvé a installé sur le quai Alexandre III la plus belle maison que je connaisse, le plus parfait moyen d'habitation, la plus étincelante chose construite.
Et tout cela est en vrai, bâti, réalisé, conclusion d'une vie de recherche.
Et c'est l'abbé Pierre qui la lui a commandée !
"…conclusion d'une vie de recherche…" cette maison n'obtiendra pas de l'administration l'homologation nécessaire à son développement en série. Le rêve d'une maison simple, accessible aux plus démunis, s'éteignait avec ce refus des ingénieurs du Ministère de la construction, encouragés en cela par l'ordre des architectes et les grands groupes cimentiers. Un rêve fait par deux hommes "…celui qui croyait au ciel, celui qui n'y croyait pas…" et que l'histoire avait fait se rencontrer tardivement, alors que l'un comme l'autre avait occupé après guerre des fonctions d'administrateur local et régional en Lorraine. Prouvé comme maire de Nancy de septembre 44 à mai 45 , l'abbé Pierre (Henri Grouès de son nom d'état civil) comme député de Meurthe et Moselle, élu indépendant sur la liste nancéienne du MRP de 45 à 51.
Ce refus est le dernier avatar des presque vingt années que Jean Prouvé a consacrées à l'habitat d'urgence et à l'industrialisation de la fabrication de l'habitat. Vingt années de lutte face aux conventions, vingt années alimentées par son énergie, son travail, son talent de visionnaire et nourries des multiples collaborations qui de l'avant-guerre à cet épisode l'ont accompagné dans ses recherches et son refus de la facilité. Résistance aussi face à l'ennemi nazi quand fut venue l'heure de la guerre.
Des combats jamais mis en avant, tant il lui semblait que là n'était pas le problème et que seul comptait le travail sans cesse remis sur l'établi d'où pouvaient jaillir de nouvelles formes, de nouveaux principes constructifs applicables au mobilier comme au bâti.
C'est à Nancy que cette aventure a débuté et c'est là qu'elle s'est épanouie. Nancy ville d'art, celle de son père Victor, de Gallé, de Majorelle. Nancy où fut installé son premier atelier et où il développa avec quelques autres industriels locaux une vision sociale de l'entreprise qu'il mit en place dés 41 par le biais d'un mode de rétribution permettant la redistribution des bénéfices entre les ouvriers.
Nancy dont il fut Maire à la libération après avoir été résistant, mettant discrètement au service du réseau "Ceux de la résistance" son courage et son savoir faire de métallier en fabriquant la nuit, et à l'insu de tous, des pièces pour faire dérailler les trains ennemis.
Résistance également à la "fatalité" du STO pour ses employés et aux misères de la guerre qu'il s'employa à amenuiser en récupérant un grand terrain potager où les familles des ouvriers en activité, comme celles de ceux prisonniers de guerre ou envoyés au STO, pouvaient venir améliorer leur maigre quotidien.
C'est donc à Nancy que commença et se développa cette histoire. Celle d'une rencontre avec le fer des aciéries toutes proches puis avec l'aluminium qui plus léger lui permis de développer d'autres idées, d'autres formes.
C'est à Maxeville, où Jean Prouvé installa ses ateliers en 1947, que l'aventure pu enfin prendre une dimension industrielle. Une grande partie de ses projets architecturaux datent de cette époque.
C'est en 1939, à une période où les Ateliers Jean Prouvé produisent déjà du mobilier de "série" que viennent les premières commandes de structures habitables rapides à construire, légères, démontables, et transportables.
La maison des jours meilleurs en 1956 ne marque pas tout à fait la fin de cette aventure, d'autres projets viendront ensuite, mais elle marque véritablement la fin de ces presque vingt années de travail, d'inventions, d'échecs, mais aussi parfois de mauvais choix stratégiques, qui émaillent cette période prolifique de réflexion sur l'habitat et sa fabrication en série.
Longtemps ignoré ou mis de côté, ce travail a plus tard nourri les travaux de tous les grands architectes contemporains.
C'est cette histoire que le film raconte, une histoire de création dont la ville de Nancy fut le berceau.
Richard Malbequi
Nancy, maison nomade de PROUVE
Brazzaville, maison tropicale de PROUVE
